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Génocide camerounais:Un des crimes odieux de la colonisation française (La Nouvelle Expression-01.01.2012) Écrit par Edmond Kamguia K.
La crise franco turque permet de mettre à nu des crimes commis par la France pendant la période coloniale sur le sol africain. Le génocide du peuple Bamiléké peut être cité en exemple.La France a mené des guerres secrètes en Afrique. La guerre conduite par la France contre l´Union des
populations du Cameroun(Upc) a conduit l´assassinat systématique de tous les leaders de ce mouvement national fondé le 10 avril 1948 à Douala. L`armée française a assassiné Ruben Um Nyobé, secrétaire général et leader charismatique de l`Upc le 13 septembre 1958 à Boum Nyebel. Les services secrets français ont fait empoisonner en octobre 1960, à Genève Félix-Roland Moumié, le président de l`UPC. Il y trouvera la mort le 3 novembre 1960. Le Sdece, future Dgse, avait suivi et repéré le président de l`Upc, Felix Moumié à Genève et n´avait pas tardé à le faire assassiner, par un empoisonnement au thallium, par un de ses agents à la double nationalité franco-suisse William Bechtel. C´est dans ce sillage qu´il faudrait situer l´incendie criminel du quartier Congo, à Douala.
Bombardements au napalm
Les actions criminelles menées contre les populations des principaux fiefs de l´Upc dit long sur ce qu´il convient d´appeler le « traumatisme historique » des Bamiléké victimes des bombardements au napalm. L`ouest du pays fut presque entièrement bombardé. Une centaine de villages rasés, rayés de la carte ! Dans une note secrète, en mars 1960, Michel Debré avait recommandé l`état-major dirigé par le général Max Briand d` « annihiler les groupes terroristes...et leurs sympathisants ». Il décidait « d`entreprendre une véritable reconquête ». Ce fut un feu vert aux massacres des populations. Les régions de la Sanaga maritime et le pays bamiléké furent des cibles privilégiées des actions dites anti-terroristes. Max Briand a largement évoqué les têtes coupées des rebelles exposées sur la place publique. Des centaines de milliers de personnes furent déplacées dans « des villages de regroupement ».
Pratiques importées d´Indochine ou d´Algérie
Après et les événements de mai 1955 et l´interdiction de l´Upc en juillet 1955, une répression organisée par le gouvernement colonial français au Cameroun s´était abattue sur les militants et sympathisants de l´Upc. Selon les journalistes Thomas Delttombe et Marcel Domergue et l`historien camerounais Jacob Tatsitsa dans leur livre commun intitulé « Kamerun! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971)», paru aux Editions La Découverte, il y a eu entre 1956 et 1962 pas moins de 100.000 morts.
Les opérations antiguérilla consistaient en des pratiques de torture dans tous les postes de sécurité. Des pratiques importées d`Indochine ou d`Algérie pour faire parler les chefs maquisards et les éliminer : Gégène, baignoire, balançoire, etc.
Des prisonniers furent jetés vivants dans les chutes d`eau à l´instar de la rivière Metchié. L`un de ces prisonniers entraînera dans sa chute mortelle un gendarme français. Des camps de concentrations furent construits dans plusieurs localités du pays. Dans ses Mémoires, l´ancien haut-commissaire Maurice Delaunay cite le camp de Bangou : « J`avais été prisonnier en Allemagne, je savais comment ça se passait ! J`avais fait un camp avec des barbelés, des miradors ».Ce camp situé non loin de Badenkop, fief du chef d´Etat major de l´Armée de libération nationale du Cameroun(Alnk), devait abriter quelques 800 détenus gardés par des gendarmes français et camerounais.
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